Séance 6. Le mariage d’Aladin

Au cours des années qui suivirent, Aladin devint très riche : il vendait régulièrement les pierres précieuses qu’il avait ramassées dans la caverne et dont il avait découvert la valeur.

Il s’était établi comme marchand et ses affaires marchaient bien. Il possédait une belle maison ; sa mère et lui ne manquaient de rien désormais.

Un matin, alors qu’il se promenait dans un quartier de la ville, Aladin vit passer la princesse Badroulboudour, fille du sultan. Il fut ébloui par sa beauté : la princesse était la plus belle jeune fille que l’on pût voir au monde. Elle avait de beaux cheveux bruns, de grands yeux vifs et brillants, un doux regard, des lèvres vermeilles.

Lorsque Aladin rentra chez lui, il fit part à sa mère de son désir d’épouser la princesse.

– Malheureux, c’est de la folie ! Aucun fils de tailleur ne peut épouser une princesse !

Mais comme Aladin dépérissait de tristesse, sa mère décida d’aller voir le sultan. Elle prit avec elle un vase empli de pierres multicolores que son fils lui avait données.

Arrivée au palais, elle raconta au sultan en quelle occasion Aladin avait vu la princesse, sa fille, et lui fit part de l’amour violent qu’il éprouvait pour elle.

Le sultan l’écouta puis lui demanda ce qu’elle avait apporté. On ne saurait exprimer sa surprise et son étonnement lorsqu’il découvrit les pierres précieuses qu’il jugea d’un éclat, d’une taille et d’une beauté incroyables. Il se tourna vers son grand vizir.

– Que dis-tu d’un tel présent ? N’est-il pas digne de la princesse, ma fille ?

Mais le vizir, qui voulait marier son fils à la princesse, lui conseilla d’exiger un plus haut prix, pour s’assurer du sérieux d’Aladin. Le sultan approuva le conseil.

– Vous direz à votre fils qu’il aura ma fille en mariage quand il m’aura envoyé quarante grands vases emplis d’or massif portés par quatre-vingts serviteurs.

Ayant appris cela, Aladin prit la lampe et la frotta. Dans l’instant, le génie se présenta devant lui. Aladin lui répéta la demande du sultan, qui fut exécutée aussitôt.

Aladin fit donc conduire au palais les quatre-vingts esclaves, tous vêtus de soie et de pierreries et chacun chargé d’un vase d’or massif. Dans la rue, le peuple accourait de toutes parts pour voir ce spectacle si magnifique et si extraordinaire !

Le sultan n’hésita plus, le présent d’Aladin était plus que suffisant. Il lui accorda alors sa fille.

Mais avant les noces, Aladin voulut encore faire bâtir un palais somptueux pour lui et son épouse. Il appela une fois de plus le génie :

– Je te demande de me faire bâtir, en aussi peu de temps que tu le pourras, un palais digne d’y recevoir la princesse Badroulboudour et je voudrais qu’il soit face à celui de son père, le sultan.

Ce qui fut accompli en une nuit… Le génie de la lampe avait réalisé des merveilles !

Enfin, les noces eurent lieu. Les festivités furent spectaculaires : un superbe festin fut servi dans un salon richement décoré et éclairé d’une infinité de bougies. À minuit, selon la coutume de la Chine, Aladin invita la princesse à danser au son d’un cœur de voix et d’instruments des plus harmonieux.

Ce soir-là, Aladin gagna tous les cœurs. Par la suite, il s’attira peu à peu toute l’affection du peuple par sa gentillesse et sa générosité. À chacune de ses sorties en ville, il jetait dans les rues des pièces d’or par poignées et la foule l’acclamait.

« Histoire d’Aladin ou la lampe merveilleuse », dans les Mille et Une Nuits, traduit de l’arabe par A. Galland et adapté par H. Potelet